Avec la succession de vagues, l’épidémie de la covid-19 continue à perturber l’économie mondiale et notamment européenne. Les prévisions de croissance sont donc revues à la baisse et demeurent très incertaines. Dans le passé, les épidémies, dans leur phase la plus virulente, ont duré en moyenne entre deux et trois ans. Le développement du vaccin permet, aujourd’hui, de réduire cette période d’au moins une année, sous réserve que les mutations du virus ne modifient pas la donne.
Dans tous les cas, pour 2021, les économistes sont contraints de revoir à la baisse leurs prévisions de croissance. Le taux de croissance pour la zone euro est évalué entre 3,5 et 5,2 % quand il y a peu, un taux de 6 % était envisagé pour 2021. Cette révision à la baisse concerne également la France. L’objectif de 6 % de croissance avancé par le Gouvernement semble de plus en plus difficile à réaliser d’autant plus si un nouveau confinement était décidé dans les prochains jours, chaque mois confiné amputant le PIB d’un point. L’économiste Patrick Artus a ainsi indiqué que la croissance pourrait ne pas dépasser trois points si des mesures restrictives s’appliquaient en février et en mars.
Ces taux pourraient être revus une nouvelle fois à la baisse compte tenu des conséquences des mutations que connaît le virus, obligeant le maintien de nombreuses restrictions malgré la montée en puissance de la vaccination. Les effets de celle-ci devraient se faire ressentir avant tout au cours du second semestre, sous réserve que l’efficacité des vaccins ne soit pas remise en cause.
Pour le premier semestre, la zone d’incertitude demeure importante. De nombreux États ont reconfiné pour plusieurs semaines. La France a opté pour le moment pour un couvre-feu à 18 heures et pour le maintien de la fermeture des bars, restaurant et lieux de loisirs en intérieur, ainsi que des remontées mécaniques dans les stations de ski. En cas d’accélération de la diffusion de l’épidémie, un nouveau confinement pourrait être décidé. Dans tous les cas, l’activité demeurera handicapée. Avec une croissance nulle sur les six premiers mois, elle pourrait ne pas dépasser les 3 % sur l’année retardant le retour au niveau de décembre 2019, prévue initialement en 2022. Fin 2021, l’écart de richesses pourrait atteindre 6 % quand il n’aurait été que de 3 % avec une croissance se situant entre 5 et 6 %.
Une moindre croissance se traduira par le maintien d’un fort taux de sous-emplois et d’une inflation nulle ou quasi nulle. Les gouvernements sont contraints de soutenir plus longtemps que prévu les entreprises et les ménages. En France, les premières échéances des prêts garantis par l’État ont été repoussées. Les entreprises continueront à s’endetter avec un risque de forte dégradation, à terme, de leurs résultats. En un an, les dettes des entreprises de la zone euro ont augmenté de 20 points de PIB passant de 110 à 130 % du PIB. Par ailleurs, compte tenu de la dégradation des résultats des entreprises, celles-ci pourraient revoir à la baisse leur programme d’investissement et d’emploi. Dans ce contexte, le niveau d’endettement public augmentera encore fortement en 2021. La Banque centrale sera obligée de maintenir sa politique de rachats d’obligations sur une période plus longue. Pour le moment, le programme d’achat « PEEP » court jusqu’en mars 2022, mais sera sans nul doute prolongé. L’encours de la dette publique détenu par la Banque centrale européenne est passé de 2500 à 3500 milliards d’euros de 2019 à fin 2020. Il était inférieur à 500 milliards d’euros en 2014.
Un allongement de la politique de soutien aux entreprises augmente le risque de défauts dans les secteurs les plus exposés à la crise (hôtellerie, restaurant, loisirs°. Les banques devront alors faire face à une multiplication des créances douteuses.
La confiance est de mise
Les investisseurs demeurent actuellement relativement confiants en ce qui concerne la sortie de crise, ce qui conduit à une augmentation des cours boursiers. Cette dernière est également portée par l’abondance des liquidités générée par la politique des banques centrales. La base monétaire de la BCE est passé de 3200 à 5000 milliards d’euros de fin 2019 à début 2021. La forte croissance du volume des obligations conduit par ricochet, par effet patrimonial, à celle des actions afin que le poids relatif de chaque classe d’actifs reste globalement constant.
La crise économique générée par l’épidémie de la covid-19 devrait durer au moins quinze mois avant de s’estomper Ses conséquences seront plus lourdes que celles initialement prévues. Aux pertes économiques importantes, il faut ajouter les aspects psychologiques qui ne sont pas négligeables. L’Occident qui avait été déjà très touché par la crise des subprimes peine à trouver les moyens de sortie de la crise. Les confinements successifs sont de plus en plus mal vécus au sein de sociétés qui avaient placé la liberté au cœur de leur modèle. La remise en cause forcée est violente et mine la cohésion de plusieurs pays dont la France.