Pour faire face à la pandémie de COVID-19, le Président de la République annonçait le 14 mars dernier la fermeture des établissements d’enseignement universitaire. Une fermeture qui a fortement modifié les conditions de vie des étudiants, contraints pour beaucoup à vivre seuls et à subir les impacts d’un isolement forcé difficile à supporter au quotidien. En attendant la réouverture des facultés, des solutions et dispositifs sont tout de même accessibles pour que les jeunes ne se sentent pas abandonnés.
Des milliers d’étudiants ont manifesté ce mercredi 20 janvier dans toute la France, dans les rues de Paris, Lille, Strasbourg, Nancy, Rennes, Angers, Toulouse, ou encore Marseille. Aujourd’hui, la mobilisation se poursuit encore à Lyon. « Génération sacrifiée », « jeunesse agonisante », « on n’a plus rien à perdre » a-t-on pu lire sur les pancartes brandies par des cortèges de jeunes défilant pour faire entendre au gouvernement leur lassitude et leur détresse. Un « ras-le-bol » pour alerter après de long mois où se sont conjugués confinements, couvre-feux et absence de cours en présentiel dans les universités. On estime ainsi que 2,8 millions d’étudiants français suivent actuellement des cours à distance, alternative pédagogique pour poursuivre les enseignements malgré la fermeture des facultés.
La peur de l’isolement
Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), est à l’origine de l’appel à la mobilisation pour « défendre les conditions de vie et d’études des étudiants », comme l’explique cette dernière à l’Agence France Presse. Plus encore que l’impossibilité de se rendre à la fac, pour « prendre l’air » ou étudier hors du cadre du domicile, l’université fermée cristallise un mal-être plus profond. Elle met en évidence la réalité d’un isolement au quotidien problématique, alors que de nombreux étudiants n’ont pas la possibilité de rentrer dans leur famille et doivent s’accommoder d’un quasi-confinement, seuls dans une chambre étudiante ou un petit studio.
A ce sujet, l’enquête menée en juin par l’Observatoire de la vie étudiante relève qu’au moment du confinement, 44 % des étudiants interrogés déclaraient avoir quitté le logement qu’ils occupaient quotidiennement pendant une semaine de cours pour retourner vivre auprès de leur entourage familial (chez les parents majoritairement, sinon fratrie ou conjoint). Parmi les raisons évoquées par les jeunes ayant déménagé de leur lieu de résidence habituel, c’est la crainte d’avoir à rester seul qui tient la première place chez les sondés (66 %), vient ensuite la volonté de se rapprocher de la famille (63 %), de profiter d’un logement plus grand (62 %), et loin derrière l’envie de bénéficier d’une meilleure connexion internet (24 %) ou d’économiser un loyer (13 %).
Une plateforme de cohabitation intergénérationnelle
Les seniors doivent souvent composer avec un budget restreint et souffrent parfois de solitude. Les étudiants sont nombreux à rencontrer des difficultés financières. Fondée au printemps 2020 par Céline Amaury, Xenia remédie à ces deux problématiques en proposant un service de cohabitation intergénérationnelle solidaire « Grâce à Xenia-Cohabitation, notre plateforme de cohabitation intergénérationnelle, nous sommes en contact direct et permanent avec les étudiants, affirme Céline Amaury. Dans des conditions normales, hors crise sanitaire, les jeunes sont déjà trop souvent confrontés à des difficultés financières, en raison des coûts des logements. La période que nous traversons depuis de nombreux mois ajoute une réelle souffrance aux jeunes, et certains sont dans un état de détresse psychologique qui ne peut être ignoré. Si les années étudiantes sont souvent synonymes de partage, de joie et d’insouciance, elles signifient pour l’instant rester cloîtré et isolé devant un ordinateur et des cours en visioconférence. Entretenir le lien social et l’entraide devient très complexe dans ces conditions. »
Amitié, confiance, échanges, partage
L’habitat intergénérationnel, qui met en contact des seniors et des étudiants pour qu’ils cohabitent sous le même toit. Imaginée comme une solution d’entraide solidaire et économique, la plateforme en ligne Xenia met en relation des étudiants de moins de 30 ans souhaitant partager un logement avec des seniors de plus 60 ans ayant les capacités de loger chez eux un jeune. Pour cela, elle associe des profils complémentaires, qui partagent des attentes et des intérêts communs afin que la cohabitation se passe dans les meilleures conditions. D’ailleurs, l’arrivée de l’étudiant chez le senior se fait suivant un protocole strict, afin de protéger la santé de l’aîné. « Xenia cohabitation ne supprimera pas le confinement, mais peut permettre d’amoindrir l’isolement de deux populations, les jeunes et les seniors, précise Céline Amaury. L’hôte senior accueille au sein de son foyer l’étudiant. Une véritable relation d’amitié, de confiance, d’échange, de partage se met en place. Le besoin de rapprochement entre les populations est réel, les aînés souffrent également de solitude, cela depuis toujours. Profitons de cette période particulière pour créer et maintenir des liens forts entre les générations. »