Le marché des actions est soutenu par les taux d’intérêt bas, l’augmentation des liquidités générée par les rachats d’obligations par les banques centrales, ainsi que par les plans de relance des gouvernements censés doper la croissance et donc les résultats des entreprises. Par ailleurs, dans le cadre des plans de soutien à l’économie, ces dernières ont bénéficié d’un accès privilégié à des ressources à faibles coûts (Prêts Garantis par l’État).
Les taux d’intérêt des obligations d’État à 10 ans sont passés en dessous de 0 % en 2020 pour l’ensemble de la zone euro quand ils s’élevaient à 5 % en 2002. Sur la même période, la base monétaire est passée de 500 à 5 000 milliards d’euros, provoquant un important flux de liquidités réinvesti en partie dans les actions. La diminution de l’aversion aux risques avec les annonces concernant les vaccins et les plans de relance, contribue à l’envolée du cours des actions. Ces différents facteurs ainsi que l’anticipation du retour de la croissance ont permis aux indices d’effacer la chute du mois de mars dernier. L’indice européen Eurostoxx 50 n’est plus qu’à 4 % de son niveau de l’année dernière. Le Daxx allemand est près de 4 points au-dessus de son niveau de 2020. Les indices français, espagnol et italien sont en retrait (respectivement -6 %, -12 % et -5,6 % au 12 janvier 2021) en raison de la plus forte exposition des économies de ces pays à la crise sanitaire. Néanmoins, ils ont comblé une grande partie des pertes enregistrées lors du premier confinement.
L’Europe doit restaurer sa croissance
Même si depuis le mois d’avril dernier, les marchés européens ont connu une vive progression, elle demeure faible par rapport à ceux des autres marchés, à savoir américains et émergents. En un an, l’indice des valeurs technologiques américaines a gagné plus de 40 %, le S&P 500, plus de 15 % et le Dow Jones, plus de 7 %. Depuis 2009, l’indice Nasdaq a été multiplié par plus de 6, celui de S&P 500 par plus de 3 quand l’Eurostoxx n’a progressé que de 0,3 %. Les indices chinois progressent également plus que les indices européens. Les résultats décevants en Europe proviennent de deux handicaps de la zone euro par rapport aux États-Unis ou aux pays émergents. Par rapport aux États-Unis ou à la Chine, les sociétés technologiques jouent un moindre rôle. Or ces sociétés sont celles dont la valeur boursière augmente le plus vite. Les entreprises technologiques représentent plus de 27 %, des indices américains contre 10 % au sein de la zone euro.
A contrario, les valeurs financières, sous-appréciées depuis la crise financière de 2009, ont un poids plus élevé en Europe qu’aux États-Unis. Les valeurs liées au secteur touristique et aux transports sont également plus importantes dans les indices européens que dans ceux des pays émergents ou aux États-Unis. Or, ces dernières valeurs sont évidemment à la peine depuis le mois de mars 2020. Les indices européens sont également pénalisés par la faiblesse de la croissance potentielle. Celle-ci est de 4 % au sein des pays émergents, de 2 % aux États-Unis contre 1 % pour la zone euro (ces données ayant été calculés avant l’épidémie). L’écart de croissance incite les investisseurs à opter pour des placements hors d’Europe. La croissance potentielle de la zone euro est handicapée par les faibles gains de productivité et par la diminution depuis 2012 de sa population active, baisse qui se poursuivra et s’amplifiera jusqu’en 2040.
Sans rebond de la productivité, l’écart entre les actions européennes et celles des États-Unis ou des pays émergents devrait s’accroître d’autant plus quand le soutien monétaire s’estompera. L’Europe a donc l’obligation de restaurer assez rapidement sa croissance potentielle en investissant sur les prochains secteurs porteurs.