LE POINT ECO – Quelques mois après le début du déconfinement, le climat n’est plus totalement à l’optimisme. Le regain de l’épidémie et la crainte d’un envol du chômage assombrissent les perspectives économiques. Le temps et le moral sont changeants.
Au début du mois d’octobre, le Président de la République a admis que la situation sanitaire et donc économique évoluera en dents de scie. Si les incertitudes demeurent fortes, il convient cependant de souligner qu’après un point bas en avril, l’économie française a redémarré durant tout l’été. En septembre, selon l’INSEE, le climat des affaires en France a continué à s’améliorer pour la plupart des secteurs en ce qui concerne la production passée. En revanche, les perspectives d’activité pour les trois prochains mois sont en retrait. Si dans l’industrie, le solde d’opinion des chefs d’entreprises relatif à l’activité future a retrouvé son niveau de moyenne période, ce ne l’est pas le cas pour les services qui représentent plus du trois quarts du PIB français.
La confiance des ménages n’a quant à elle pas rebondi depuis avril dernier. L’indicateur qui la synthétise reste tout de même plus élevé que pendant la grande récession de 2008-2009, mais les inquiétudes relatives au chômage atteignent des niveaux comparables. Les ménages sont très nombreux à estimer qu’il faut avant tout épargner. Cette opinion se traduit dans les faits avec une forte progression de l’épargne de précaution. Les remontées de données semblent indiquer après un bon mois d’août une baisse des dépenses de consommation au mois de septembre.
Un surcroît d’activité au 3e trimestre en sursis
Selon l’INSEE, après la contraction du PIB de 5,9 % au premier trimestre et de 13,8 % au deuxième, le rebond aurait atteint 16 % au troisième. L’activité reste inférieure à 5 % à son niveau d’avant crise.
L’institut statistique estime, en revanche, que le dernier trimestre pourrait être marqué par une stagnation du fait des problèmes que rencontrent les secteurs du tourisme et de la culture. Au total sur l’année 2020, la prévision de contraction du PIB reste de l’ordre de -9 %. En fin d’année, le déficit d’activité serait toujours de 5 %. Cette évaluation réalisée par l’INSEE ne tient pas compte des dernières mesures prises dans plusieurs grandes villes pour ralentir la propagation du virus.
Destruction de 840 000 emplois en 2020
840 000 emplois, dont près de 730 000 emplois salariés, seraient détruits en 2020, soit une contraction de 3 % sur un an. Ce recul est inférieur à celui du PIB du fait de la mise en place des mesures de soutien par les pouvoirs publics (chômage partiel, PGE).
Depuis le confinement, les chiffres du chômage sont difficiles à lire en raison de la progression du halo autour du chômage ; de nombreuses personnes tout en étant en sous-emploi n’en recherchent pas activement un. Ce phénomène a conduit à une baisse du taux de chômage. Avec la réduction du chômage partiel, le taux de chômage devrait passer de 7,5 % à 9,7 % d’ici la fin de l’année.
L’inflation devrait se limiter à un demi-point en moyenne annuelle en 2020. Compte tenu par ailleurs des divers dispositifs mis en place pour préserver les revenus, le pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation ne baisserait « que » d’un point sur l’année 2020.
Avec le rebond de la consommation – même atténué en fin d’année – le taux d’épargne des ménages qui avait quasiment doublé au deuxième trimestre (du fait d’une épargne forcée) reviendrait autour de 17 % au second semestre, un niveau légèrement supérieur à celui d’avant-crise (15 %). Cette estimation de l’INSEE peut apparaître optimiste compte tenu des fortes craintes qui existent au sein de la population sur les effets économiques de la crise sanitaire.
La situation diffère selon les activités. Le secteur du bâtiment qui a été fortement touché lors du confinement a connu un rebond important aboutissant à un niveau d’activité supérieur à celui d’avant crise. À l’opposé, l’hébergement-restauration, encore en difficulté au troisième trimestre, pourrait enregistrer des pertes d’activité plus élevées dans les prochains mois. Plusieurs autres activités de services sont également confrontées à des fermetures, telles que les salles de sports ou la culture.
Les transports sont nettement en deçà de leur niveau du début d’année tout comme l’entreposage. La faiblesse du tourisme pèse sur l’activité de plusieurs régions (PACA et Corse en priorité).
En 2020, la consommation des ménages, principale composante de la demande, reculerait de 7 % sur l’année. L’investissement des entreprises se contracterait de 10 % quand les exportations diminueraient de 18 %.