Deux années de mandat marquées, sur la fin, par la pandémie… Pandémie dont nous ne sommes malheureusement pas sortis. Deux années en tous points exceptionnelles dont ces quelques lignes en restituent les lignes directrices et les moments forts. Une occasion aussi de témoigner de la passion qui nous a animés et de vous remercier – élus, JD, équipe nationale – pour votre engagement.
L’entreprise désirable… Oui, faire de l’entreprise un objet de désir est aujourd’hui essentiel. L’entreprise doit être désirable pour attirer les talents bien sûr, mais aussi pour faire face aux défis qui se posent à l’humanité. L’entreprise ne doit plus être considérée comme la source d’externalités négatives, mais comme un pilier qui servira de fondement à la société de demain. L’entreprise sera désirable si elle se met au service de causes qui la dépassent et qui participent à l’intérêt général, si elle propose des réponses aux grandes questions sociales et environnementales qui se posent – ou plutôt s’imposent – à nous aujourd’hui.
L’entreprise désirable, comment la définir en quelques mots ? Celle-ci représente un nouveau type d’entreprises qui préserve le capital écologique et social de l’humanité ; elle s’appuie sur un modèle économique pérenne qui assure en premier lieu une meilleure répartition des richesses. Cette conception de l’entreprise n’est pas neuve pour les membres du CJD ; elle reste fidèle à la vision de l’économie portée par le mouvement depuis sa création.
Virtuose, collective et en action
L’entreprise désirable, nous l’avons déclinée au CJD au travers de trois idées majeures.
Avec l’entreprise virtuose, les JD expérimentent le recentrage sur les missions essentielles de leur organisation. Il s’agit pour l’entreprise de définir précisément le périmètre de ses missions pour externaliser celles qui se trouvent au-delà. Si les grands groupes ont bien conscience de cela depuis longtemps et ont réussi cette bascule, c’est plus compliqué pour les TPE et les PME. De cette expérimentation naîtront des évolutions à Copernic, le parcours de professionnalisation au métier de Dirigeant-Entrepreneur. Ces évolutions nous confortent dans notre ambition de faire d’Etape le vaisseau amiral de la future École des Entrepreneurs. Le CJD, avec Etape, conforte son positionnement historique en matière de formation auprès des dirigeants d’entreprise.
Puis avec l’entreprise collective, le CJD prend acte des changements majeurs dans la gouvernance des organisations et dans le management des femmes et des hommes. Ces changements que le CJD a depuis longtemps anticipés et parfois même provoqués au cours de sa longue histoire, il s’agit aujourd’hui de les faciliter dans toutes les entreprises. Avec FACIL, le mouvement se dote d’un module du parcours qui permet aux JD de s’approprier plusieurs dizaines d’outils pratiques favorisant l’intelligence collective. À l’extérieur, au sein du collectif « Nous sommes demain », nous encourageons toutes les entreprises à construire une gouvernance partagée et à rendre leur part dans les grands défis d’aujourd’hui et de demain avec la reconnaissance du statut d’entreprises à mission pour les entreprises qui se donnent une mission à fort impact social et/ou environnemental.
Avec l’entreprise en action enfin, nous avons suivi une idée simple. Au CJD, nous aimons la réflexion, mais nous n’oublions jamais que cette réflexion doit être au service de l’action. Au cours des Rencontres du Réseau, nous avons instauré des « challenges » permettant aux JD présents de mettre en œuvre dans leurs entreprises les apports théoriques de la journée. A un autre niveau, lors du Grand Débat, de nombreuses sections se sont immédiatement mises en action pour organiser des événements permettant de nous faire remonter des idées. Cette mobilisation avec ces moments d’intelligence collective nous a permis d’élaborer 9 propositions que nous avons transmises au gouvernement. Avant d’être un « think tank » (comme on le qualifie parfois), le CJD réunit des faiseurs, attachés à changer le monde.
Influence, notoriété et raison d’être
En conséquence, nous avons au cours de notre mandat eu à cœur de développer l’influence du CJD, mais aussi sa notoriété, avec les créations d’une plateforme de marque et d’un nouveau logo. Plus profondément, dans le contexte de l’entreprise à mission, nous avons travaillé avec les JD à l’élaboration de la raison d’être de notre mouvement. : « Se transformer soi, pour bâtir une entreprise durable, responsable, et agir pour inspirer ». Nous avons été fiers quand, après de longues heures de travail collectif, la formulation de la raison d’être du CJD s’est enfin imposée à nous. Tout part du JD, de sa transformation et de son rayonnement sur ce qui l’entoure. La définition de la raison d’être du CJD n’est pas cosmétique : cela permet aux JD de mieux comprendre le sens de leur engagement, ce qu’ils vivent au CJD. On sait pourquoi un dirigeant adhère au CJD. C’est en général pour rompre son isolement et partager. On sait aussi ce qui le fait rester : cette raison se confond avec la raison d’être du CJD.
Apprendre pour progresser
L’apprenance reste une notion phare de notre mandat. Mais de quoi parlons-nos au juste ? L’apprenance consiste en une attitude et des pratiques individuelles et collectives permettant d’accroître sa capacité à traiter des situations complexes. Elle s’avère essentielle pour s’engager dans un cercle vertueux au bénéfice de l’entreprise, de son dirigeant, de ses salariés et de ses actionnaires. Une rencontre du réseau à Lyon a été dédiée à cette thématique novatrice. De même, le CJD soutient le projet de création des Grandes Écoles de la Transition, un réseau décentralisé de formations aux enjeux et métiers de la transition écologique et sociale, accessible au plus grand nombre. Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire de se former aux grands enjeux du XXIe siècle et qu’il faut entrer dans une démarche proactive en transformant son entreprise en entreprise apprenante.
Agir dans l’incertitude
Difficile de synthétiser deux ans d’actions et de souvenirs en quelques lignes, d’autant plus que ce mandat a été percuté par deux crises majeures. Le mouvement des Gilets Jaunes d’abord a secoué notre démocratie. Il ne semble pas complètement éteint aujourd’hui. Et puis l’irruption de la COVID-19 nous a tous obligés à revoir nos plans. Nous avons eu le sentiment de vivre notre fin de mandat par procuration. Ce fut un moment anxiogène duquel une grande solidarité a rapidement émergé, dans notre réseau et bien plus largement. En urgence, il a fallu coordonner les équipes en mode projet ; des JD se sont rapprochés en cellules de crise. Un outil comme le DARC a pu montrer toute sa pertinence en aidant les JD à bâtir les plans d’actions qui les ont sortis de leurs problèmes. Nous avons mis en place des « lives » en visioconférence pour donner à tous les entrepreneurs les informations pratiques dont ils avaient besoin pour s’orienter dans cette période marquée par l’incertitude. Et puis très vite, ces moments ont permis d’aborder des thématiques plus larges, sur l’économie ou encore les modes de gestion à distance. L’engagement des élus du mouvement, des délégués nationaux et des membres de l’équipe nationale pendant la période du confinement a été à la hauteur des enjeux.
Un mandat au CJD, c’est comme courir un sprint. En deux ans, il faut tout donner. A fond, pendant un laps de temps assez court. Mais c’est aussi une course de relais. À un moment, nous devons passer le témoin.
Ce passage, sur le plan symbolique, n’a pas été accompli. Le report, puis l’annulation du congrès, nous ont privés de ce moment où s’acte la transition. Nous comprenons évidemment les raisons de cette annulation, ce qui ne nous empêche pas d’être un peu tristes. Nous aurions aimé être là, avec vous, pour célébrer dignement ces deux ans d’engagement à vos côtés. Notre course s’est terminée. Avec les événements que nous traversons, ces derniers mois nous ont demandé un surcroît d’énergie. Comme pour vous, comme pour tout entrepreneur, nous avons dû et devons encore être tout particulièrement attentifs à la santé de nos entreprises. Nous avons passé ensemble la ligne d’arrivée, fatigués et absorbés dans nos projets entrepreneuriaux. Mais, avec Emeric et Julien aux manettes, remplis de confiance et d’espoir dans ce fantastique mouvement.
Catherine Vampouille et Pierre Minodier