Après son arrêt sur image, l’économie française monte en puissance suivant un scénario en « aile d’oiseau », pour reprendre l’expression de la Banque de France. Après un redémarrage vigoureux lié à la fin du confinement, la reprise trouve un rythme de croisière plus mesuré mais permettant semaine après semaine, de combler l’écart d’activité par rapport à la situation normale d’avant-crise.
Dans la note de conjoncture publiée le 10 août dernier, les économistes de la banque de France ont indiqué que l’activité en juillet n’était plus que de 7 % inférieure à celle de la moyenne de ces dernières années. Au mois de juin, l’écart était de 9 %. Pour le mois d’août, la banque centrale considère que l’écart devrait demeurer de 7 %.
Selon les chefs d’entreprise interrogés, l’activité continue de se redresser en juillet, dans l’industrie comme dans les services et le bâtiment, mais à un rythme moins rapide que le mois précédent. Dans l’industrie, l’activité se rapproche de son niveau d’avant-crise dans des secteurs tels que l’agroalimentaire ou la pharmacie, mais reste « très dégradée » dans des secteurs d’activité tels que la métallurgie, l’automobile et la catégorie des autres transports. Dans les services, l’activité est tout aussi contrastée. Sans surprise, le secteur du tourisme et des transports est à la peine en raison de l’absence de touristes étrangers. La restauration commence à retrouver quelques couleurs, mais accuse un manque d’activité de 30 %. Les autres activités tertiaires en difficulté sont celles de la location, de la publicité ou des études de marché. En revanche, l’activité est proche de son niveau d’avant-crise dans la réparation automobile ou les services d’information. Dans le bâtiment, l’activité continue de se redresser et se rapproche même de ses niveaux d’avant-crise, mais les carnets de commandes s’effritent.
La prudence est de mise
L’amélioration apparaît fragile pour les économistes de la Banque de France. Les incertitudes liées à l’évolution de l’épidémie rendent difficile toute prévision pour la rentrée. Dans tous les cas, la Banque de France estime que le PIB de l’Hexagone ne retrouvera pas son niveau d’avant la pandémie, au mieux à la mi-2022. À la lecture de ce rapport, de nombreux commentateurs en ont conclu que la reprise s’essoufflait. En l’état actuel, la prudence est de mise. En effet, avec l’absence de touristes internationaux, le secteur du tourisme ne peut que tourner qu’au ralenti. Premier pays d’accueil pour les touristes étrangers, la France ne peut qu’être touchée quand ces derniers font défaut. Les hôtels, les restaurants, les activités culturelles et de loisirs, les transports connaissent évidemment une situation exceptionnelle. Les Français ont préféré prendre leur véhicule et éviter les lieux collectifs d’hébergement. Par crainte de lendemains qui pourraient déchanter, certains ont même renoncé à leurs vacances.
Le déficit de l’industrie à fin juillet est à mettre sur le compte des problèmes d’approvisionnement, sur la faiblesse de la demande internationale et sur les effets des mesures de distanciation qui réduisent les capacités de production. Le calendrier n’est pas favorable à un retour rapide à la normale. Le déconfinement est intervenu au mois de mai, juste avant l’été, ce qui a conduit les entreprises à ne pas relancer l’ensemble de leurs forces de production. La décision des autorités de garantir les vacances a également joué en ce sens.
La force de la reprise ne sera appréhendable qu’avec la rentrée du mois de septembre. Celle-ci dépendra de l’évolution de l’épidémie et de la restauration de la confiance. Pour les effets du plan de soutien qui sera dévoilé par les pouvoirs publics à la fin du mois d’août, il conviendra d’attendre la fin de l’année, voire le début de l’année 2021, pour en mesurer les effets.