Parlons un peu de la plus belle matière première disponible en France. Elle est de qualité premium, elle assurera nos retraites, elle est durable et écolo. 9,2 millions de personnes disponibles en métropole et dans les DROM. Vous avez compris : nous parlons des jeunes !
Aux premiers jours de notre mémorable printemps Covid-19, sociologues, politiques et économistes se sont levés comme un seul homme : « Métiers essentiels » sera bien un des mots de l’année. Mais les jeunes étaient à ce moment-là les grands oubliés de l’histoire de la crise sanitaire, enfermés dans la caricature habituelle : jeune égal confiné par nature.
Ces mêmes jeunes ont raté un printemps de leur vie ! #vdm ? Il est grand temps d’entamer la révolution pour que les grands titres qui ont fait leur apparition dès la mi-avril ne se confirment pas. « Génération sacrifiée » ?
Le pivot central de la rupture annoncée par le président de la République dans son adresse aux Français le 12 mars devra demain être l’alternance. En finir avec le snobisme français qui la considère comme la voie mineure, de garage.
« Alors, prêts pour le grand coup de pied dans la fourmilière ? »
Le sondage réalisé par l’Association Walt le prouve. 33 % des parents interrogés pensent toujours que les formations professionnalisantes sont faites pour les élèves en difficulté, voir les décrocheurs scolaires. C’est chez les parents à la scolarité la plus courte que les préjugés les plus forts persistent. Ils sont 39 % à penser que l’apprentissage est synonyme de scolarité ratée.
Maintenant ou jamais ? Dans le relatif silence de l’été, nous attendons la deuxième vague de la Covid-19 et celle des 700 000 jeunes diplômés confrontés à un marché du travail exsangue. Tous les experts sont d’accord : ceux qui ont déjà acquis une expérience professionnelle s’en sortiront les mieux dans les mois qui viennent.
Les mesures gouvernementales sont fortes. Jusqu’au 28 février 2021, toutes les entreprises qui recruteront un jeune en contrat d’apprentissage percevront une aide unique plus élevée. Le président a annoncé le 14 juillet un dispositif d’exonération de charges et la mise en place de 300 000 « contrats d’insertion » pour « aller chercher des jeunes qui n’ont pas réussi à trouver d’entreprise ». S’y rajoute l’ouverture de 200 000 places pour compléter la formation « des jeunes qui devaient rentrer sur le marché du travail cette année ».
Alors, prêts pour le grand coup de pied dans la fourmilière ? Est-il possible de rêver de lendemains heureux ? Est-il permis de se greffer sur la première annonce phare d’Emmanuel Macron qui nous garantit que d’ici 3 ans la France aura récupéré 100 % de son paracétamol ? Projetons-nous vers ces images où tournerait la poudre de cette molécule pharma essentielle sur les tapis des usines hexagonales. Il y a comme un petit air de Jacques Tati 2.0 !
Devant ce joli pitch présidentiel, on peut s’interroger sur une anomalie française. Nous sommes une Terre de savoir-faire que le monde entier nous envie. L’agroalimentaire, les métiers-trésors du luxe, ceux du service, la restauration, la technologie de pointe, le digital, le patrimoine et tant d’autres domaines d’excellence. Comment se fait-il que les jeunes soient souvent empêchés de mettre la main à la pâte dans le pays européen le plus divers en ressources ?
Prise de conscience
La crise sanitaire que nous venons de traverser a largement prouvé que l’on peut leur faire confiance. Les métiers essentiels, l’armée des précaires uberisés, les hard skills, les soft skills jusqu’aux héros de notre printemps. Tous ont répondu à l’appel. Nous parlons ici en particulier de ceux qui se sont engagés dans ce monde hospitalier qui avait pour un temps des allures de tiers-monde ou de médecine militaire de campagne. Elèves infirmiers, aides-soignants ou internes, ils ont été prêts à servir bien avant l’obtention de leur diplôme.
Les millennials exigent depuis longtemps une prise de conscience. Plus écolo-responsables et à la recherche de sens que les deux générations précédentes, largement biberonnées au tout-croissance et à la surconsommation.
Nous leur devons bien une révolution idéologique : qu’ils aient la possibilité d’agir, de se responsabiliser, de faire leurs choix. Considérons les échecs des études générales à rallonge, créatrices de files d’attente pour jeunes à l’horizon bouché. Affrontons enfin la réalité. Depuis l’inclinaison de la courbe de croissance dans les années 1970, le taux des jeunes sans emploi a trop souvent été le triste double des autres actifs.
Emmanuel Macron annonce « faire de notre jeunesse la priorité de la relance ». Pierre Mendes-France le disait à la jeunesse en 1955 : « Puisque chacun des grands problèmes de la communauté nationale atteint la jeunesse plus gravement et plus profondément que quiconque, il importe qu’ils soient pris, e ? tudie ? s, re ? solus en pensant a ? elle, en pensant a ? vous… »
C’est aussi simple que ça : abordons le Nouveau Monde, laissons aux jeunes la possibilité de l’apprendre pour mieux le façonner. Maintenant !
Katharina Zilkowski et Yves Hinnekint, président de l’association WALT