La résilience est la capacité d’un matériau à résister à des chocs. En biologie, elle traduit la possibilité pour un écosystème d’une espèce ou d’un individu de retrouver un développement normal après avoir subi une perturbation écologique. En économie, la résilience est l’aptitude à revenir sur la trajectoire de croissance après avoir encaissé une crise. Avec le déconfinement, nous allons pouvoir mesurer la résilience des Etats, des entreprises et des individus.
Cette crise sanitaire a vu le triomphe du principe de précaution. La primauté donnée à la vie et à l’emploi avec l’essor sans précédent du chômage partiel en Europe, constitue une révolution dans l’histoire de l’Humanité. La guerre du covid-19 est d’une nature bien différente des conflits précédents, l’objectif étant de sauver des vies par tous les moyens. A Verdun en 1916 ou sur les plages de Normandie, le 6 juin 1944, la préservation des vies n’était pas tout à fait du même niveau. Ce principe de précaution qui, aujourd’hui, génère une peur du déconfinement, change le rapport des individus face à la vie mais aussi face à l’économie et au pouvoir. Tous les acteurs, privés et publics devront prouver leurs capacités d’adaptation face à cette nouvelle donne.
Vers une meilleure prise en compte des risques ?
Le commerce mondial fera-t-il preuve, de son côté, de résilience ? N’en déplaise aux adversaires du libre-échange, la crise du covid-19 n’effacera pas d’un trait la mondialisation de ces quarante dernières années mais il contribuera certainement à un raccourcissement de certaines chaines de valeur, à une meilleure prise en compte des risques inhérents à tout commerce sur une longue distance. Des Etats imposeront peut-être un minimum de production nationale ou régionale pour des produits considérés stratégiques. La liste ne sera pas évidente à établir car le caractère stratégique évolue au fil des besoins et des crises. Ces éventuelles localisations sur le territoire national amèneront, sans nul doute, une robotisation accrue des processus de production afin de réduire le risque épidémiologique et les coûts.
Espérer que demain sera meilleur qu’hier
Une certitude, la crise a conforté le poids du digital et des techniques d’information. L’école ainsi que les consultations en ligne, le télétravail, les consultations médiales en ligne, les visioconférences, les sites de vidéos à la demande, etc. ont rythmé la vie des confinés. Même si les contacts humains sont irremplaçables, les méthodes de travail généralisées par la crise sanitaire ont de fortes chances de perdurer. L’antienne du grand soir envahit les écrans. Le rêve d’un nouveau monde est certainement un des moyens de déconfiner en douceur en espérant que demain sera meilleur qu’hier. Mais, au-delà des espoirs et des illusions, nul n’est obligé de croire que le film après l’arrêt sur image sera un film catastrophe.