Le 11 avril dernier était lancée dans toute la France, une toute nouvelle plateforme, Prêter main forte. Un service destiné à compléter le dispositif Renforts-Covid mis en place par certaines Agences Régionales de Santé, puisqu’il concerne tous les besoins de renforts ponctuels des établissements de santé, hors personnel soignant.
Accessible en ligne, pretermainforte.fr a pour objectif de faire correspondre une offre de bénévoles disposant de compétences, hors du champ du soin, avec les besoins de renforts ponctuels des établissements de santé et médico-sociaux. Ce service s’ajoute à la plateforme Renforts-Covid lancé en mars dernier et qui permet à toute personne travaillant ou ayant travaillé dans le domaine de la santé, de venir en soutien des équipes en première ligne.
Prêtermainforte a été initié par deux personnes. Paul Marcadé, ancien adhérent du CJD Lyon et chef d’entreprise et Aurélie Prétat, agent public. Le premier est d’une famille de soignants et a un fils étudiant en médecine. La seconde a longtemps été directrice des affaires juridiques d’un CHU. Elle a gardé de cette expérience professionnelle, un attachement profond au milieu hospitalier. N’appartenant ni l’un ni l’autre au personnel soignant et désireux de se mobiliser au profit de l’intérêt général, ils ont après le discours d’Emmanuel Macron du 12 mars dernier, eu l’idée de mobiliser, bénévolement, des non soignants. Comme eux. La fameuse deuxième ligne en direction des établissements de santé. Pour les deux instigateurs, la création de cette plateforme était un bel exemple de regards croisés et de coopération pour le bien commun, entre le public et le privé. Une fois l’idée acquise, Paul Marcadé a activé son réseau. Jusqu’aux services de l’Etat.
Réactivité et efficacité
« Les autorités ont été très intéressées, réactives et soucieuses de la réalisation rapide de la plateforme, explique Paul Marcadé. Il s’est écoulé moins de quatre semaines entre la présentation du projet et sa mise en ligne. » Concrètement il a fallu recenser et valider les besoins, lister les métiers. Cinquante ont été répertoriés et sont aujourd’hui présents sur la plateforme. Ils vont de l’accueil, à l’administratif en passant par l’informatique, la logistique et la maintenance, la communication…
Dès le départ, l’Agence Régionale de Santé (l’ARS) de Bourgogne-Franche-Comté a proposé d’être partie prenante dans le projet. «Celui-ci a été développé sur le modèle des startups d’Etat, au sein des équipes de beta-gouv.fr (voir encadré). Une quinzaine de personnes au total ont travaillé sur ce projet. Réalisation et lancement. La plateforme a été ouverte dans un premier temps aux seuls bénévoles. « Pour les informer explique Aurélie Prétat, nous avons utilisé les moyens de communication à notre disposition. Les réseaux sociaux, notre propre réseau et la presse. Notre objectif était de faire connaitre l’existence de ce service au plus grand nombre et ainsi d’impliquer le maximum de bénévoles. Elle s’est ouverte dans un second temps à l’ensemble des établissements de santé et médicaux-sociaux. » L’utilisation de la plate-forme est simple et très rapide puisqu’elle fait « matcher » les contributions des bénévoles avec les besoins des établissements selon des critères combinant la proximité géographique, les compétences professionnelles, le temps disponible…
Des bénévoles au rendez-vous
Nombreux sont les volontaires qui se sont inscrits. Issus du public comme du privé, ils ont des profils très variés : étudiants, gardiens d’immeuble, enseignants, chefs d’entreprise, sportifs, jeunes retraités… Le plus souvent, ils n’appartenaient pas au réseau associatif traditionnel. «Ce qui est intéressant, poursuit Aurélie Prétat, c’est que beaucoup de bénévoles s’inscrivent en disant, je sais faire ça et ajoutent, je peux faire ça. Du coup, beaucoup sont positionnés sur plusieurs compétences. Ainsi, un chef d’entreprise apporte des plateaux en Ehpad, un comptable fait de l’accueil… L’outil a été construit pour la crise actuelle mais on peut espérer que les solidarités persisteront ensuite, et qu’il pourra, pourquoi pas, être pérenne. En cette période difficile pour beaucoup de sociétés reprend Paul Marcadé, Prêtermainforte est aussi la possibilité pour les chefs d’entreprise de proposer des causes communes d’engagement à leurs collaborateurs, de se relier ensemble autour du bénévolat de compétences au profit d’établissements de santé. »
Ensemble justement, c’est la signification du logo choisi. Une déclinaison à une main de ce mot dans le langage des signes.