Ces derniers mois, sous l’impulsion de la loi PACTE, de nombreuses organisations ont travaillé sur leur raison d’être. Pourquoi – moi entreprise ou association – suis-je là ? Quelle est ma contribution pour la planète et/ou la société ? L’anthropologue David Graeber appelle bullshit jobs ces emplois inutiles qui ont dû être créés, mais qui ne servent à rien. Et s’il y avait des également des bullshit compagnies, des entreprises dont nous pourrions aisément nous passer, à plus forte raison si nous prenons en compte leur bilan carbone et leur impact social ?
Trouver sa raison d’être n’est pas un exercice anodin. C’est même une intention désirable pour une organisation. Mais attention à ne pas céder à une énième mode marketing qui se répand dans les entreprises comme une épidémie, mode qui sera chassée par une autre. La question de la raison d’être ne peut se résumer à une simple opération de communication, tant en externe qu’en interne. Le CJD pour sa part n’a pas abordé cette démarche comme un exercice obligé, parce que « comme tout le monde s’y met, nous devons aussi le faire ».
À vrai dire, cette démarche n’est pas vraiment inédite au CJD. Très régulièrement au cours de son histoire déjà longue, le mouvement s’est interrogé sur son rôle au sein de la société. Aussi nous sommes-nous naturellement prêtés à l’exercice pour expliciter – c’est-à-dire rendre plus clair et plus précis – la finalité qui est celle du CJD : remettre la Femme et l’Homme au cœur de l’économie. Notre raison d’être, telle qu’elle a été coconstruite, se résume ainsi :
Se transformer soi,
pour bâtir une entreprise durable, responsable,
et agir pour inspirer.
- Se transformer soi, car un dirigeant entame un travail de développement personnel qu’il poursuivra jusqu’à son départ. Ce parcours l’amène à acquérir des compétences techniques bien sûr, notamment grâce à la formation, mais pas seulement. En rejoignant une section du CJD, il participe à des commissions où il va échanger avec ses pairs, partager ses moments de doute, bénéficier d’une écoute, d’attention et de retours d’expérience bienveillants. Ce faisant, il rompt avec la solitude du dirigeant, remet en cause et enrichit ses représentations, modifie ses comportements, améliore ses pratiques, prend conscience et grandit.
- Pour bâtir une entreprise responsable, durable et agréable, et créer de la richesse non pas pour le seul bénéfice de l’actionnaire, mais pour l’ensemble des parties prenantes. Une entreprise s’ancre dans un territoire ; elle n’est qu’un élément d’un écosystème plus large. Pour perdurer, elle doit tisser des relations de long terme basées sur le respect et la confiance, en premier lieu avec les salariés qui la composent. Leur bien-être constitue une nécessité, pas un luxe. Passer d’un égo-système à un écosystème, telle est la nouvelle vision du dirigeant éclairé.
- Et agir pour inspirer… Oui, l’action d’un membre du CJD ne s’arrête pas au portail de son entreprise. Elle a vocation à rayonner au-delà. Il y a presque quarante ans, le CJD développait l’idée de l’entreprise citoyenne. Il y a vingt ans, la performance globale apportait des méthodes pour aligner la gestion de l’entreprise sur des valeurs fortes. Des milliers de Jeunes Dirigeants se sont engagés près de chez eux en faveur de l’insertion des jeunes et des publics éloignés de l’emploi et dans la préservation de la planète.
La raison d’être ainsi définie traduit une conviction solide, vérifiée par des dizaines de milliers d’entrepreneurs durant ces 80 dernières années au CJD. Cette conviction peut être érigée en maxime universelle : pour changer le monde, il faut d’abord changer soi.