Donné en marge de l’interview que le philosophe a consacré à Dirigeant Magazine…
« Investir autant qu’ils (les dirigeants) peuvent dans l’innovation en privilégiant les aspects le plus novateurs de la troisième révolution industrielle. Le problème, c’est que nos politiques aident peu car ils n’ont en général pour tout viatique que la culture de la com, de la sociologie électorale et du foot. Ils sont trop souvent faibles en sciences, en économie et en histoire, pour ne rien dire de la philosophie qui leur échappe de A à Z.
Du coup, le surmoi moral et politique de notre pays est avant tout keynésien et antilibéral. Ensuite, nous avons un fond catholique qui déteste la réussite sociale et l’argent. Pour les Grecs, les Juifs et les protestants, le scandale, c’est la misère, pas la richesse. Comme dit Aristote, « pour être généreux, il faut être riche ». Dans la parabole du jeune homme riche, c’est l’inverse : il sera aussi difficile à un riche d’entrer au royaume qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille.
Les Américains réfléchissent aux nouvelles technologies en termes de « service rendu au consommateur », les Européens en termes de « protection du citoyen ». Les deux sont utiles, mais l’un sans l’autre n’a pas de sens. Nos entreprises ne doivent pas compter sur l’Etat pour les aider, elles doivent tout faire par elles-mêmes pour investir et innover. «
Luc Ferry
Le 17-04-2019