Comment s’assurer que le modèle d’affaires d’une entreprise soit compatible avec une société décarbonée qui respecterait l’Accord de Paris ? La certification élaborée par Karbon Ethic a l’ambition de questionner l’entreprise sur sa viabilité dans un monde bas carbone et de lui offrir l’opportunité de valoriser ses engagements en se référant au concept exclusif d’utilité carbone.
Fondée en 2021, l’association Karbon Ethic accompagne les entreprises allant de la TPE à l’ETI dans leurs démarches de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que dans leur prise de conscience. Elle forme systématiquement les parties prenantes internes (et externes qui le souhaitent) en complément de tout bilan de gaz à effet de serre dans tous les sujets liés à la décarbonation (communication responsable, RSE…). Ses membres s’investissent également dans de nombreuses structures et associations de référence dans ce domaine (ADEME, BPI, APCC, CJD, Impact France, Citoyens pour le climat…). Le credo de l’association : travailler pour que les entreprises comme des communautés humaines impliquent les parties prenantes dans ses processus. Aujourd’hui, ce sont plus d’une vingtaine d’experts en transition bas carbone et de dirigeants d’entreprises qui sont répartis sur tout le territoire national. La raison d’être de Karbon Ethic est de transformer les entreprises pour le respect de l’Accord de Paris en les accompagnant vers la sobriété carbone.
L’ambulance prioritaire sur le jet-ski
Le dernier rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) rappelle l’urgence à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour tenter d’endiguer le dérèglement climatique déjà en cours. La transition vers un monde bas carbone constitue la seule stratégie possible. Concrètement, nous devons atteindre des émissions en dessous de 2 tonnes/pers et par an en 2050. Et pour être crédible, cette trajectoire implique que l’empreinte carbone de la consommation des Français soit de l’ordre de 10 kg de CO2eq/pers/jour d’ici 2030.
Pour y arriver, les entreprises doivent s’engager dans des démarches de sobriété au plus tôt. La certification incite précisément à l’adoption de pratiques de sobriété carbone. Elle atteste d’une démarche de transition bas carbone complète et cohérente, pour tous. « La sobriété carbone comme la réduction de nos impacts doit respecter la hiérarchie des besoins humains. Pour nous, l’ambulance est prioritaire dans l’usage des ressources sur le jet-ski », résume Régis Janvier, président de l’association. Cette certification sera présentée au SVC (Sommet Virtuel du Climat) le 20 juin prochain.
Démarche de progrès
Une phase d’expérimentation en 2022 et 2023, impliquant les premières entreprises certifiées, a permis de valider la robustesse de la méthodologie. À partir de l’analyse de son impact carbone et de son plan de transition, l’entreprise s’interroge sur la viabilité de son modèle économique et des démarches de progrès associées au travers de 5 piliers :
1. La pérennité : dans un monde où il faut diviser par 5 nos émissions, le renoncement à certaines pratiques et certaines consommations est inévitable.
2. L’efficience : optimiser les processus ou utiliser des ressources moins carbonées.
3. La sobriété commerciale : accompagner ses clients vers une consommation bas carbone et raisonnée, les informer et les guider.
4. Les rétributions décarbonées : mettre en place des avantages et des services bas carbone pour les collaborateurs.
5. L’équité et le partage : maintenir un sentiment d’équité et de justice avec toutes les parties prenantes pour rendre acceptable une telle transformation.
Après réalisation de son bilan de gaz à effet de serre et de son plan de transition, trois étapes sont nécessaires pour accéder à la certification. D’abord, une évaluation des 5 piliers précédemment cités pour attester de l’alignement vers la sobriété carbone. Ensuite un contrôle des informations par un expert de Karbon Ethic. Enfin, l’attribution (ou non) de la certification pour 3 ans. Les entreprises répondant aux critères minimums recevront la certification comme attestant leur engagement vers un monde plus soutenable.
En s’appuyant sur ces 5 piliers (80 critères au total), l’entreprise peut ainsi se situer puis améliorer sa gestion tant environnementale que sociale, en associant l’ensemble de ses parties prenantes.
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