En matière de RSE, rares sont les entreprises qui cochent toutes les cases. Avec Informa’truck, nous ne sommes pas loin du but. Les exigences de son fondateur, Cyril Noury, membre du CJD, sont élevées en la matière, comme le potentiel de développement de cette entreprise au business model prometteur.
Issu d’une famille d’entrepreneurs, Cyril Noury a une révélation à 11 ans, alors qu’il monte son premier ordinateur. Ce sera l’informatique ! Après des études au Canada dans ce domaine, il travaille comme informaticien en France et à l’international. Il y a 6 ans, Cyril renoue avec le monde de l’entrepreneuriat en créant son entreprise, Check Noury Technology. Sa raison d’être ? Faire que les TPE et les PME n’ai pas de pannes informatiques grâce à un logiciel qui permet de les prédire. Mais cela ne suffit pas à l’appétit de Cyril. Il ressent le besoin de devenir, selon ses mots, « un entrepreneur à impact ». Check Noury Technology va servir de socle pour le développement de l’Informa’truck, « une plateforme multimodale qui va changer les choses ». Avec Check Noury Technology, Cyril s’adresse aux professionnels ; avec l’Informa’truck, il répond à la demande des particuliers… et des territoires.
« Nos grands-parents qui vivent en ruralité n’ont pas de service de réparation à proximité. Comment leur apporter ce service de manière efficace ? Le projet Informa’truck vise à combattre l’exclusion numérique. » Concrètement, un camion sillonne les villes et villages de l’Oise pour apporter un service de réparation informatique et téléphonique aux populations, en particulier aux plus âgés. Il est également présent ponctuellement sur le parking de huit Intermarché du département. Trois autres camions seront prêts en mars, puis deux encore en mai. Et cinq autres en septembre, si la levée de fond en cours est couronnée de succès.
Aujourd’hui, l’entreprise compte deux salariés ; quatre sont en cours de recrutement. « Nous serons aussi présents sur les festivals et autres événements. C’est une demande qui nous a été remontée : de nombreuses personnes endommagent leur téléphone portable, que nous réparons également. Nous sommes donc présents sur ces sites. »
Un triple impact
L’histoire pourrait en rester là. Mais ce serait dommage. Car Cyril veut faire plus d’impact, « pousser à fond les taquets de la RSE ». Comment ? En allant toujours plus loin dans l’inclusion, notamment en recrutant uniquement des personnes porteuses de handicaps. Pendant un mois et demi — le temps nécessaire pour former le salarié dans l’atelier de Breuil-le-Sec — tout est fait pour aménager le camion et le rendre facilement accessible par le salarié handicapé. Ce n’est pas le salarié qui s’adapte à son outil de travail, mais bien l’inverse. « Le camion est construit et aménagé en fonction du handicap. Nous travaillons pour cela avec l’AGEFIPH et leurs équipes d’ergothérapeutes. Nous avons aussi conclu un accord avec le ministère des Armées pour accueillir les blessés de guerre, d’anciens militaires en reconversion à la suite d’une blessure. Enfin, nous travaillons avec le centre de réadaptation professionnelle régional de Saint-Omer-en-Chaussée ».
Informa’truck est une entreprise du secteur de l’économie sociale et solidaire et en cours d’agrément ESUS. Car l’impact de l’entreprise est triple. Impact économique d’abord, puisqu’il est moins coûteux de réparer que de renouveler son matériel. Impact écologique ensuite, car réparer nécessite de moindres ressources énergétiques et matérielles que de remplacer. Impact sociétal enfin, en facilitant l’insertion professionnelle des personnes handicapées ainsi qu’en œuvrant pour réduire la fracture numérique en ruralité.
Un potentiel de développement
L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais il serait dommage de ne pas aller un peu plus loin en regardant l’avenir. « Ces trois problèmes ne sont pas franco-français ; ils sont Européens et même internationaux ». Voilà pourquoi le développement d’Informa’truck est voué à s’étendre en région des Hauts-de-France cette année, puis dans toutes les régions de France métropolitaine, et ensuite dans les DOM-DOM et dans toute l’Europe. « La vitesse de déploiement est fonction de l’avancée de notre levée de fond. Nous avons un objectif de 180 camions dans 6 ans ».
Comme son impact, le modèle de l’entreprise est triple. Primo, être présent sur des points d’intérêt pour réparer le matériel informatique et les téléphones mobiles. C’est ce que l’Informa’truck fait déjà… et prévoit aussi de s’attaquer à la réparation du petit électroménager d’ici quelques mois. Deusio, proposer la privatisation d’un ou plusieurs camions par des entreprises. « Pour Malakoff Humanis, nous allons à la rencontre de leurs allocataires retraite dans le cadre de leur programme “Bien vivre en ruralité” ». Tertio, à un horizon plus lointain, « devenir le Carglass de l’informatique », en déployant un modèle vertueux. « Aujourd’hui, les assureurs indemnisent le remplacement dans 97 % des cas. Avec nous, il y a seulement 12 % d’appareils non réparables. Les économies peuvent être immenses et le gâchis réduit dans des proportions considérables ».
L’histoire s’arrête là… pour aujourd’hui. Enfin pas tout à fait, puisque la TPE vient de remporter le trophée de l’entreprise inclusive de l’année, aux côtés de Orange, Nestlé, Schneider Electric… Excusez du peu ! Un trophée qui matérialise l’engagement RSE de Cyril Noury et un élément de fierté légitime. De nouvelles pages restent à écrire. A suivre…