A 75 ans, Alice Cooper a sorti en février 2021 un nouvel album, Detroit Stories, chez earMUSIC. Dans la version allemande du magazine Rolling Stone, celui qui a commencé sa carrière à l’âge de 16 ans revient les conditions de cette longévité.
Sans surprise, le pionnier du hard rock revient sur son sevrage concernant les drogues et l’alcool, sevrage déjà ancien. Il revient également sur sa pratique du golf et sur les routines qu’il met en place pour arriver dans des conditions optimales sur scène (il peut lui arriver d’assurer encore quatre concerts par semaine). Mais Alice Cooper aborde dans cette interview un point que les artistes passent généralement sous silence : le management de leurs équipes. Car on l’oublie trop vite : ces stars, outre des artistes, sont d’abord des patrons de PME, embarquant avec eux des dizaines de collaborateurs. Il n’est donc pas idiot de penser que la longévité d’une carrière trouve aussi une de ses causes dans la manière dont l’artiste-patron gère ses salariés et se comporte envers eux.
L’exemplarité pour obtenir la loyauté
Contrairement à d’autres rock-stars à la personnalité réputée capricieuse ou colérique, Alice Cooper est partisan de la proximité et d’un management indifférencié. Tous les collaborateurs sont considérés à égale importance ; les hiérarchies n’existent pas. Extrait :
« Je pense que ça commence au sommet. Je pense que, quelle que soit la personne qui dirige le groupe, les autres gars se moulent sur elle. Donc je traite le gars qui balaie la scène avec le même respect que je traite le guitariste, ou le bassiste – tout le monde est traité de la même façon. […] Si, par exemple, nous avons une nuit de repos, j’invite tout le monde à dîner. Nous emmenons 35-40 personnes à dîner. Et cela signifie que le gars le plus bas dans la hiérarchie est traité exactement de la même manière que les membres du groupe [qui sont sur scène]. Et à mes yeux, une fois que vous faites ça, vous obtenez une vraie loyauté. […] Vous savez, la plupart des gens ne savent même pas qui travaille pour eux. Je connais tous ceux qui travaillent pour moi. Et je connais à peu près toutes leurs familles… Et comme ça, à chaque show, chacun veut donner le meilleur de lui-même. Aussi, je veux qu’ils soient fiers de ce qu’ils font. Pas seulement qu’ils disent : “Oh, tout ce que je fais c’est l’éclairage”. Je réponds : “Non. Sans cet éclairage, je ne serais pas présentable. Donc tu es aussi important que moi”. À mon sens, c’est comme ça qu’on doit gérer un groupe. »
Une attitude on-ne-peut-plus raisonnable. Derrière l’image monstrueuse et l’atmosphère grand-guignolesque que l’artiste aime cultiver se cache en fait un homme assez simple qui n’a jamais trempé dans l’occultisme. Cette mise en scène qui lui colle à la peau, cette marque de fabrique, c’est simplement du spectacle, juste du show-business. Fervent chrétien, Alice Cooper a d’ailleurs fondé la Solid Rock Foundation, association qui vient en aide à de jeunes défavorisés. L’habit ne fait décidemment pas le moine…
Crédit Photo : Eric Tessier, Alice Cooper, Le parrain du Shock Rock, Camion blanc, 2013.