C’est devenu une nécessité : il faut être convaincant à l’oral dans sa vie professionnelle. On demande de plus en plus aux salariés de « pitcher », de présenter des projets de manière courte et incisive. Bref, il nous faut convaincre, mais cet exercice n’est pas évident pour tout le monde. Voici une méthodologie simple et éprouvée pour y arriver à tous les coups.
Tout le monde n’est pas naturellement charismatique. Nous avons tous nos travers : le trac, quelques tics de langage, le rougissement… Certains ne savent pas quoi faire de leurs mains ou s’estiment trop statiques. Certains ont si peu confiance en eux qu’ils redoutent de perdre le fil de leur propos, de quitter le rail de l’intervention. Il faut balayer toutes ces peurs pour accepter sa fragilité et être naturel, authentique. Plus nous nous focalisons sur ces imperfections et plus nous sommes sûrs de rater. Plus nous sommes dans l’auto-jugement, dans une vigilance exacerbée vis-à-vis de son propre comportement, plus nous nous éloignons de notre auditoire.
La règle d’or consiste non pas à se focaliser sur soi ou sur un texte qu’il s’agirait de réciter fidèlement, mais sur l’intention que l’on souhaite transmettre dans son intervention.
Il va donc falloir improviser sans perdre cette intention et sans cacher ses faiblesses qui, une fois reconnues et même avouées, constitueront des points forts. « Je n’ai pas l’habitude de ce type d’exercice et donc je vais essayer de ne pas être trop maladroit » ou « J’ai le trac, je ne suis pas à l’aise dans cet exercice, mais je tiens vraiment à vous dire ceci » : ce type de formule en préambule vous permet de rallier à vous l’auditoire, composé de personnes plus bienveillantes que vous ne l’imaginez.
Pas de par-cœur pour faire place à l’émotion
Une fois cette précaution oratoire réalisée, tout reste à faire. C’est à ce moment que quelques notions de rhétorique peuvent vous aider. Laissez-vous guider.
1 – La première étape consiste à capter l’attention. Et n’est pas en brandissant d’emblée des chiffres ou des objectifs que nous y arriverez. C’est là que le travail de préparation intervient. Vous aurez en amont soigneusement sélectionné une anecdote personnelle, un fait d’actualité, une histoire qui peut servir de parallèle pour faire comprendre votre propos. « J’ai été émerveillé hier par le match de Roger Federer qui a encore gagné. C’est vraiment un sportif extraordinaire qui va entrer dans l’Histoire, car sa carrière au plus haut niveau se déploie sur du long terme. Joueur professionnel depuis 1998, il a en effet occupé durant 310 semaines la première place du classement mondial de tennis ATP World Tour, et détient le record de 237 semaines consécutives, soit quatre ans et 199 jours, à ce rang, ainsi que le record de la plus longue période entre sa première et son ultime accession à la tête de ce classement – quatorze ans – du 2 février 2004 au 24 juin 2018[1]. C’est juste incroyable ! Et pour arriver à cela, il a développé un état d’esprit et mis en place une organisation qui lui ont permis d’accomplir cette carrière fantastique. Cet exemple m’inspire. Ces derniers mois, nous avons dans l’entreprise réussi quelques jolis coups et remporté quelques belles victoires. Mais rien n’est acquis. Eh bien mon propos aujourd’hui, c’est de partager avec vous ma réflexion sur ce qui doit, dans notre entreprise, conditionner une performance orientée vers le long terme. » Vous l’avez compris : il s’agit de trouver un fait marquant compréhensible par tous (le cas Federer) pour susciter un début d’intérêt et exprimer votre intention.
2 – La seconde étape va s’attacher à décrire rapidement le plan de votre intervention. Trois points idéalement. « Je tiens à aborder d’abord la question de l’état d’esprit avec lequel aborder les mois qui viennent dans l’entreprise, puis – comme Federer – sur l’organisation que nous devons trouver pour aborder notre marché. Enfin, je vous propose d’évoquer les objectifs que nous pouvons raisonnablement viser pour l’année qui vient ». Il s’agit d’être bref et de montrer que le discours qui va suivre suit une logique implacable, ce qui rassure tout en facilitant la compréhension.
3 – La troisième partie consiste à dérouler ces trois parties annoncées. Et c’est là qu’il s’agit tout particulièrement de se faire confiance, car il faut improviser. Développez tranquillement un point après l’autre, n’hésitez pas à revenir parfois au cas Federer pour enfoncer le clou et établir des parallèles judicieux. Vous pouvez utiliser aussi un jargon tennistique. « Si Federer réussit, c’est d’abord parce qu’il sait être humble. Nous devons nous inspirer de cela et adoptez ce même état d’esprit vis-à-vis de la concurrence qui marque des points importants. » Ou encore « un des points forts de Federer, c’est son service ». Ne lisez pas de discours, parcourez seulement vos notes, raccrochez-vous seulement à quelques mots-clés. Vous devez dégager une impression de naturel et de spontanéité et rester au contact visuel avec vos interlocuteurs.
Vient enfin la conclusion. Vous pouvez résumer en quelques mots votre intention et les éléments saillants de votre intervention. « Long terme, humilité, sens du service… » Et terminez sur une citation percutante qui marquera les esprits : « Et n’oubliez pas ce vieux proverbe : l’humilité précède toujours la gloire ».
L’importance de se faire confiance… et de préparer
Voilà donc cette méthode simple pour réussir ses prises de parole. La préparation reste primordiale puisqu’il vous faut trouver en amont l’anecdote adéquate, des parallèles marquants, des expressions qui font mouche, la citation de fin. Il vous faut également déterminer la structure (les trois points) de votre intervention. Pour le reste, c’est-à-dire quand vous développez votre propos, improvisez, ne récitez pas mécaniquement un texte. Et avant tout, soyez clair sur votre intention, c’est-à-dire sur la force de votre message et le niveau d’énergie avec lequel repartiront vos interlocuteurs. Nous ne sommes peut-être pas tous naturellement charismatiques, mais nous pouvons le devenir.
[1] Informations piquées mot pour mot sur Wikipédia. Il vous faudra glaner ce type d’informations dans votre phase de préparation pour renforcer et donner plus de vie à votre introduction.
Crédit Photo : Matheus Bertelli – Pexels